À ceux qui ont perdu la vie et à ceux qui les pleures.
À ceux qui ont tout tenté pour sauver des vies, au 
péril de la leurs.
Comme ça de prime abord, ce récit pourrait passer pour une fan fiction de 
"Bienvenue à Zombieland", enfin, les zombies en moins. 
Si je vous raconte 
l'histoire d'un geek asocial qui est confiné pendant une pandémie mondiale, 
c'est bon, vous faites le lien?
Alors évidement, pas de zombie, pas de "double 
tap", cependant quelques règles de survies similaires sont à observer. Comme 
la numéro 1, non pas celle qui interdit de parler du fight club...vous savez celle qui dit qu'il est vital d'avoir un bon cardio. Évidemment, ce n'est 
pas pour les mêmes raisons avec le coronavirus. Mais si vous avez une 
mauvaise condition physique, une mauvaise immunité ou une pathologie 
particulière, vous finirez comme les cadavres qui s'entassent dans les chambres 
froides. Tout bien considéré, je reviens sur ce que j'ai dit sur les 
zombies.
Quand on y regarde de plus près (attention à la distanciation 
sociale!) dans ma réalité, les infectés sont majoritairement des personnes 
âgées. 
Sans vouloir manquer de respect aux morts, on peut facilement faire 
le parallèle. Simple constat.
Y a qu'a les voir errer et déambuler dans les 
supermarchés, plusieurs fois par semaine avec leurs chariots de course qu'ils 
trainent derrière eux, comme si rien n'avait changé.
À utiliser leurs pièces 
de monnaie au lieu de payer par carte en sans contact (tout est dans le nom) ou 
mieux de se faire livrer.
Non, à la place, ils préfèrent venir faire leurs 
courses aux heures de pleines affluences, dans la cohue à la recherche d'un 
semblant de vie sociale.
Ils semblent ignorer que s'ils meurent, personne ne 
viendra à leurs funérailles.
Et pendant que les hystériques se ruent sur les 
étalages, se disputent les derniers rouleaux de papiers toilette, boites de 
conserves, paquets de pâtes et œufs.
À n'en pas douter, ce sont les mêmes 
qui s'écharpaient pour du Nutella il y a quelques mois de ça.
Maintenant, ce 
sont aussi eux que l'on voit se presser avec leurs chariots remplis de papiers 
toilette et de coca comme si une épidémie de gastro les menacer. 
N'ont-ils 
rien compris au symptôme du coronavirus? À moins qu'ils ne soient tellement 
terrifiés qu'ils s'en chient dessus? 
Dans ce cas, je leur suggère de 
reporter leurs attentions sur les alaises et les couches pour adultes.
Et 
encore que là aussi, il se seraient capable de foutre sur la gueule des petits 
vieux.
Ces personnes âgées que l'on retrouve non loin des surgelés - ça sera 
pour plus tard - aux rayons fruits et légumes en train de mettre leurs petites 
mains pleines de microbes préhistoriques sur les clémentines. À les voir les 
farfouiller, les tâter comme si c'était les boules numérotées de la tireuse d'un 
loto macabre. Ou comment passer directement au service réanimation d'un 
hôpital, sans passer par la case EPHAD. Ça fera moins de retraites à payer, 
c'est les technocrates de Bercy qui doivent se frotter les mains (avec du gel hydroalcoolique?).
Sans transition, l'économie est devenue un vecteur indirect de transmissions 
virales. Ce n'est pas un argument pour risquer la vie des gens.
Puisque c'est 
à cause d'elle que tant de pays ont eu du mal à fermer leurs frontières et à 
prendre des mesures de confinement strictes.
Retrouver leurs souverainetés 
élémentaires pour préserver la santé de ses citoyens.
De mes fenêtres 
qu'elles soient réelles ou virtuelles, je peux observer tout ce beau monde plein 
de civisme et d'humanité.
Il y a les confinés qui respectent les règles 
sanitaires et les cons finis qui font n'importe quoi. 
Le plus drôle, c'est 
que ce seront ces mêmes gens qui viendront pleurer aux urgences et s'énerver que 
leurs prises en charge ne sont pas assez rapides.
Mais il ne faudrait surtout 
pas qu'on empiète sur leurs petites libertés.
D'ailleurs, il y a ceux qui 
devraient être enfermés et qui pourtant sont dans les rues.
Les voleurs et 
revendeurs de masques sous le manteau, et pire encore, ceux qui les achètent à 
ces gens. C'est sans compter sur les opportunistes qui trouvent toujours une 
bonne occasion de faire de l'argent sur la misère d'autrui.
Ceux qui 
augmentent leurs prix pour leur propre profit. C'est sur, la vie ainsi a quelque 
chose de plus...écœurant!
N'oublions pas les tueurs politiques, ceux qui 
conseillent l'immunité collective. Vous voulez mon avis? Ce sont eux, les super contaminateurs.
Et bien sûr, les tueurs négligents, ceux qui se pensent 
immunisés et se fichent bien de prendre leurs précautions pour ne pas infecter 
les autres.
Vous comprenez maintenant, pourquoi je me décris comme un geek associable? Je vous avais pourtant prévenu...
Enfin je ne suis pas non plus 
misanthrope, j'aspire aussi à un peu de chaleur humaine.
Le confinement n'a 
pas changé grand-chose du côté des sites et applis de rencontre.
Au début je 
ne cache pas que j'ai eu un petit espoir lorsque le phénomène a poussé les 
adeptes du ghosting à se manifester sur leurs comptes.
Car avec plus de temps 
et rien de mieux à faire pour tromper l'ennuie, elles répondaient plus 
rapidement.
Hélas, j'ai vite déchanté en me rendant compte que ces personnes 
n'avaient soit rien à raconter, soi était des prostituées ou des brouteurs 
africains.
Pour le reste, toujours les mêmes têtes, entre la future vieille 
fille avec ses chats, la cassos mère de 4 enfants de 4 pères différents et la 
sociopathe en devenir.
En bref, vous l'avez compris, le choix est 
difficile.
D'après vous, comment je vis le confinement? Plutôt bien je dirais pour un 
mec qui fait un monologue.
Soyons honnête, ça revient presque à parler tout 
seul, mais à l'écrit.
Pour répondre à ma propre question, je dirais qu'étant 
à la base un geek associable, j'aurais pu ne pas remarquer avant un bout de temps 
que le pays tout entier était confiné, enfin si je n'avais pas regardé les 
infos.
On ne va pas se mentir, mon quotidien n'a pas vraiment changé, je 
reste toujours autant de temps devant mes écrans.
L'envie de sortir profiter 
de l'air - presque redevenu - pur ne va pas me venir maintenant que cela m'est 
interdit ou limité. 
Je ne vais pas non plus me découvrir une soudaine passion 
pour le running ou la marche nordique. Vous savez ce "sport" complètement con 
avec des bâtons!
Et puis, ce n’est pas comme si quelqu'un en avait quelques 
choses à foutre hein?
Seuls mes parents prennent de mes nouvelles.
De tous 
mes amis, aucun ne m'appelle, c'est un peu navrant à la longue d'être toujours 
celui qui le fait donc j'ai décidé d'arrêter.
Moi aussi, j'ai une vie 
tellement prenante que j'en oublie le monde autour.
À croire qu'ils ont tous 
des téléphones avec abonnement bloqué, un putain de crédit limité comme ce qui 
se faisait quand on était ados.
C'est aussi ça l'une des grandes désillusions 
de la trentaine, si vous ne faites pas de gosse, que vous n'êtes pas 
millionnaire alors vous vous retrouvez sur la touche.
Tout le monde avance 
dans sa petite vie sans se retourner ni regarder derrière lui.
Et le calme de 
ma résidence ne saurait me le rappeler/faire mentir. 
Ce silence 
symptomatique du vide autour de moi, quand je joue aux jeux vidéo un casque 
audio sur les oreilles ou dans le métro avec des écouteurs.
Vous vous 
retrouvez dans ce que je dis? Alors j'imagine que je ne suis pas le seul dans ce 
cas, mais attention, nous ne sommes pas ensemble pour autant.
Dans votre 
petit appartement parisien, personne ne vous entendra crier. Vous êtes comme 
Ripley et son chat dans sa capsule de survie à dériver seuls dans 
l'espace.
Le hic, c'est que je n'ai pas de chat non plus, je ne saurais m'en 
occuper. Parfois je me dis que je suis encore un ado.
Et c'est en observant 
ma voisine du rez-de-chaussée - une dame âgée avec son chat -  en train de 
jardiner tranquillement que je m'aperçois que cette référence lui siérait mieux 
à elle qu'à moi.
La pauvre doit vachement se sentir seule et isolée en ce 
moment. C'est à ça que ressemble de vieillir en région parisienne. 
Ça ne 
m'étonne pas qu'on retrouve régulièrement des cadavres momifiés ou partiellement 
dévorés par leurs yorkshires dans leurs appartements. 
J'avais lu quelques 
parts que la solitude est plus meurtrière que l'obésité et presque aussi que le 
tabagisme.
Tout ça, me fait réaliser que je ne connais même pas son prénom, à 
peine son Nom et c'est parce qu'il écrit sur la boite aux lettres.
La triste 
vérité, c'est que je ne connais pas mes voisins.
Est-elle veuve sans enfant 
ou simplement une vieille fille, qui sait? La gardienne peut-être...et 
encore.
Quoiqu'elle en soit, son jardin est bien entretenu, et heureusement 
vu le temps qu'elle y passe dedans.
Les arbres ont retrouvé leurs feuillages, 
les oiseaux sont revenus, c'est le printemps me direz vous.
Depuis que le 
confinement à commencé, la planète semble se porter mieux en l'absence 
d'activité humaine et ce n'est pas un hasard!
Venise a retrouvé la couleur de 
ses eaux et ses poissons. On à pu observer le retour de la faune sauvage dans certaines 
villes comme ce puma à Santiago du Chili ou des sangliers dans Barcelone.
Il est nécessaire de le rappeler, si on en est là, c'est entre 
autres à cause de ses putains de chinois qui braconne et mange tout ce qui 
respire! Que ce soit pour leurs supposé propriété aphrodisiaque ou leurs saveurs /gastonomique culinaire douteuse.
Enfin, s'il n'y avait qu'eux, hélas, les gens de par le monde 
continuent de manger de la viande matin midi et soir (peut être même au gouter 
pour certains), 
de rouler en ville avec des putains de SUV, de fumer des 
cigarettes, de s'acheter des putains de nouveaux téléphones 5G etc.
À croire 
que se balader avec un compteur linky collé à l'oreille serait bon pour la 
santé!
Et comme une punition divine, nous voilà contraints de nous confiner 
alors que les beaux jours sont là. La (la?) température à augmenté, le ciel est 
dégagé comme rarement en région parisienne, sans nuages de pollution ou de 
précipitation.
D'apparence cela pourrait sembler agréable, mais ce serait 
oublié qu'il y a un côté pervers/trompeur à toute chose. Cette chaleur 
estivale avec cet air de/a nouveau sain était chargé en pollen venant asphyxier 
les asthmatiques. 
La nature en reprenant ses droits nous envoyait par la 
même occasion un énième avertissement.
Une injonction subtile pour inciter 
les plus fragiles à rester chez eux.
L'espace d'un instant, on se croirait 
dans une version 2020 du film "Phénomène" de M Night Shyamalan ou n'importe quel 
film de Roland Emmerich.
Un scénario catastrophe dans lequel on peut sans 
surprise déjà prévoir le prochain rebondissement : une putain de canicule.
En 
d'autres termes, nos vieux ne sont pas à l'abri d'une vague de chaleur 
meurtrière.
C'est très cynique ce que je m'apprête à écrire, mais avec un peu 
de recul je pense qu'on paye le prix d'une génération de boomer qui a tout eu et 
tout gaspillé.
Résultat on se retrouve avec ce monde à l'agonie...finalement 
ils ont peut être ce qu'ils méritent au fond : mourir en premier.
Attention, 
que l'on soit bien d'accord, loin de moi l'idée de vouloir du mal à ma petite 
vieille de voisine.
Vous vous demandez surement ce que je suggère pour changer tout ça? 
Non 
parce que dénoncer ça va bien 5 minutes, mais il faut aussi proposer des 
solutions à la hauteur du problème. Histoire d'avoir un débat 
constructif.
Tout d'abord, je ne pense pas que l'effort doit venir uniquement 
des grandes industries (pétrochimique, textile, agroalimentaire) et des 
politiques.
Nous, citoyens avons une capacité/force d'influence et l'a 
sous-estimons gravement.
En tant que consommateur et électeurs, nos choix 
conduisent aux décisions qui sont prises. Il y a l'offre et la demande.
C'est 
aussi simple que ça.
Personnellement, je me définis comme un écolo de droite 
totalitaire. Moins de liberté, plus d'égalité.
Dans un monde idéal, chacun 
aurait une consommation raisonnée et éthique, mais nous savons tous que ça 
n'arrivera jamais.
Je crois que l'humanité à besoin de règle pour devenir 
rationnelle, au lieu de ça, c'est la nature qui se chargera de rétablir 
l'équilibre comme c'est malheureusement le cas aujourd'hui.
Pour cela, 
faut-il encore que les contraintes imposées par des lois soient suffisamment 
strictes pour être respecté.
C'est pourquoi je pense que tout à chacun 
devrait être assujetti à un pacte citoyen annuel.
Je m'explique : imaginez 
devoir faire des choix de consommation annuels pour ne pas dépasser un quotient 
personnel CO2.
Que choisiriez-vous ? Pouvoir consommer 50 kg de viande ou 
partir 1 fois en vacances à l'étranger avec des vols longs courriers 
?
Posséder une voiture ou prendre les transports et le vélo? 
Évidemment, 
cette simple mesure ne suffirait pas.
Il faudrait ajouter à ça la régulation 
et répartition stricte de la population (démographie) par le contrôle des 
naissances avec la mise en place d'un permis de procréer (après tout il faut 
bien un permis de travail, permis de conduire et un permis de construire) sous 
certaines conditions médicale, financière et psychologique.
Ainsi que la 
généralisation des circuits courts, la permaculture et proscrire l'utilisation 
des pesticides et de produit ménager chimique.
Ou d'autres normes encore 
comme l'interdiction d'extraire du gaz de schiste, l'harmonisation des systèmes 
de chasse d'eau avec de l'eau non potable, recyclage et compostage obligatoire, 
la réétude complète de l'espace public et la géothermie des villes...
Vous 
voyez, les idées de mesures facilement applicables ne manquent pas, seule la 
volonté semble être absente des tables de négociations.
Arrêtez-moi si je me 
trompe, mais "se rationner", c'est ce qu'on fait en temps de guerre non ? Et 
c'est bien ainsi que la crise sanitaire est qualifiée par les 
politiques.
Alors qu'attendons-nous pour agir concrètement?
Si nous ne 
prenons pas de décisions fortes, nous finirons par nous éteindre d'une façon ou 
d'une autre. L'humanité est une menace pour elle-même et les autres 
espèces.
Comme un certain Albert Einstein a dit « Trois bombes menacent le 
monde: la bombe atomique, qui vient d’exploser, la bombe de l’information, qui 
explosera vers la fin du siècle, la bombe démographique, qui explosera au siècle 
prochain, et qui sera la plus terrible. »
Maintenant, libre à vous 
d'interprétez ce que je viens d'écrire comme le manifeste d'un végan 
extrémiste.
N'oubliez pas cependant que si vous avez préféré ignorer les 
causes jusqu'à présent, vous ne pouvez pas prétendre en ignorer les conséquences 
plus longtemps.
PUTAIN! Voilà que je me mets à parler tout seul comme un 
méchant de James Bond!
Et puis il est bientôt 20h, il faut que je prépare 
pour mon show quotidien.
Ce soir, j'ai choisi d'interpréter une reprise de Green Day, avec comme à 
chaque fois, quelques ajustements sur les paroles. Histoire de 
contextualiser avec un peu de sarcasme et de ramener un peu de légèreté dans le 
voisinage le temps d'une chanson. J'ajuste les réglages de l'ampli, monte le 
volume de ma guitare et entonne le début de "Wake me up, when quarantine 
ends".
Au fil de la chanson, je gagne en assurance, si bien que je m'aventure 
à regarder ailleurs que mon manche et la première chose que je vois c'est le 
sourire de ma voisine d'en face.
Cela me trouble momentanément, je fais un 
pin, mais parvient à reprendre sans m'arrêter en espérant que personne ne l'est 
entendu. Les applaudissements m'accompagnent et me déstabilisent parfois dans 
le rythme, mais ils ne sont pas pour moi.
Ils sont pour le personnel 
soignant, les chauffeurs routiers, les femmes de ménage, les policiers, les 
caissières, les pompiers, les éboueurs. Mais ce magnifique sourire, il m'est 
bien adressé, rien que pour moi.Et dire que les moments qui rassemblent 
(comme celui-ci) sont si rares ici, même le 14 juillet n'est plus aussi 
fédérateur. J'essaie de me souvenir de la dernière fois ou c'était le cas, ce 
devait être le 15 juillet justement, pour la victoire en finale de l'équipe de 
France de football.
20h05, tout le monde ferme sa fenêtre puis retournent à 
ses occupations et quant à moi c'est à ma solitude geek. Je n'ai pas le gout 
de jouer alors je me pose devant Netflix. 
Mentalement, je dresse mon top 
film pandémie/confinement :
- Contagion
- Alerte!
- take shelter
- 
It comes at night
- 28 semaines plus tard
- L'armée des morts
- 10 
Cloverfield Lane
- Shinning
- L'armée des 12 singes
J'opte pour le 
dernier de la liste, si le film était basé sur ce qu'il se passe, il devrait 
s'appeler l'armée des douze pangolins! C'est dingue comme le film fait écho à 
ce qui se passe dans notre monde, la fiction rejoint la réalité dans 
l'horreur. Au début on parlait juste d'un virus transmis de l'animal à 
l'homme et voilà que maintenant on envisage sérieusement la piste du laboratoire 
chinois de Wuhan.
Quel retournement de veste!
Ce sont les complotistes qui 
doivent jubilés qu'on leur donne finalement raison ou du moins que l'on prend en 
considération sérieusement leurs théories habituellement/généralement jugées 
fantaisistes.
Sinon quelqu'un a des nouvelles des anti-vaccins ? On ne les 
entend plus. Probablement mort.
Tout comme les survivalistes, surement en 
train de se savourer une bonne boite de conserve dans leurs bunkers. Auraient 
ils assez d'humour pour accompagner leurs repars d'une petite bière Corona 
?
Je ne vais pas leur jeter la pierre, il faudrait être inconscient pour ne 
pas se sentir préoccupé par l'actualité. Une longue succession d'événements 
apocalyptique (guerres, cataclysmes naturels et maintenant pandémie) que l'on 
pourrait volontiers retrouver dans le Nouveau Testament.
On est à trois 
claquements de doigts de notre extinction en tant qu'espèce. 
Il suffirait 
d'un tremblement de terre, d'un tsunami, d'une éruption volcanique, d'incendies 
ou un incident provoqué par l'homme comme une fuite dans une centrale nucléaire, 
d'une marée noire et j'en passe. Ce ne sont pas des peurs irrationnelles, 
mais des probabilités. Nos survivalistes s'informent de trop jusqu'à basculer 
dans la paranoïa quand d'autres choisissent de faire les autruches.
Mais ils 
ont tout de même un point commun, leurs gouts pour l'enfouissement.
Nouveau jour de confinement et je ne sais même plus quelle date on est 
déjà.
En me regardant dans le miroir, j'envisage sérieusement à me raser le 
crâne, peut-être une influence du film de la vielle. Je réalise que si je 
fais ça, la seule différence que j'aurais avec un détenu d'une prison française, 
ce ne sera pas le confort moderne de mon appartement avec téléviseur, console de 
jeu derrière génération et internet. Non, tout ça il l'on déjà dans leurs 
petites cellules parfois plus grandes que certains appartements parisiens.  
Et donc la seule différence, c'est que le prisonnier au moins sait quand il 
va sortir et retrouver sa liberté. De ma fenêtre, toujours, j'observe mon 
petit monde en fumant ma clope(?), un peu comme dans fenêtre sur cour sauf que 
je n'ai pas une jambe dans le plâtre ni de jumelle. Manquerait plus que je 
passe pour un pervers.
Et il suffit que je dise ça pour que la jolie voisine 
d'en face passe par là avec son chien en me souriant. Bizarrement depuis le 
confinement, elle semble plus réceptive, alors qu'avant, quand on se croisait 
pour récupérer le courrier, jeter les poubelles ou même si elle fumait une 
cigarette sur son balcon, elle m'ignorait poliment. Était-ce par timidité ? 
Je ne sais pas et je le suis moi-même bien trop pour le lui demander. Ça me 
fait penser qu'il faut que je trouve quelle chanson je vais chanter ce 
soir.
En regardant la TV, je plaque quatre accords sur ma guitare et tombe 
sur des images d'une centaine de voiture formant une longue file d'attente pour 
le drive d'un Macdonald. Apparemment certains ont fait jusqu'à 3h de queue au 
macdo, à croire qu'un dépistage ou un vaccin était vendu au 
comptoir.
Inconsciemment je me rends compte que les accords que je joue en 
boucle depuis tout à l'heure sont ceux de la chanson "If it makes you happy" de 
Cheryl Crowe. Je fredonne la mélodie en arrangeant les paroles pour coller 
avec l'actualité.
Tout cela m'inspire une idée pour une histoire. Mon cerveau 
entre en ébullition et je prends des notes sur un bloc note.
Pour passer le 
temps, j'aime bien inventer des récits, écrire des nouvelles, enfin, en plus de 
celui que je vous raconte en ce moment même.
Et donc là, le concept de cette histoire serait celui d'un virus très étrange 
qui vous tue instantanément si vous mentez.
Je vous passe les détails 
médicaux et techniques, mais en gros le mensonge solliciterait une minuscule 
partie du cerveau des infectés asymptomatiques ce qui aurait pour conséquence la 
compression fatale de la cage thoracique et du larynx.
Une sorte de mort 
subite de l'adulte.
Cette maladie fictive s'appellerait "Mysantropia 
degenerea Hypocrisia" et comme une idée, elle se propage plus vite que toute 
autre chose.
Un diagnostic du virus compliqué et une identification tardive 
de la maladie causeraient un nombre de victimes considérable au début de 
l'épidémie.
Les politiciens seraient les premiers à mourir, suivi des 
avocats, des banquiers, des assureurs, des astrologues, des numérologues, des 
prêtres et des journalistes.
Aussi, beaucoup de gens préféreraient se 
suicider plutôt que de dire la vérité.
Une fois le cadre posé, l'histoire se 
concentre sur un personnage : un jeune homme qui se sait porteur du virus et 
contamine tout le monde sur son passage.
Il se baladerait, toucherais les 
gens dans le métro et même un bébé.
Un camé rentrerait alors dans la rame en 
débitant son discours habituel pour réclamer de l'argent aux usagers.
En lui 
donnant une pièce, il demande au SDF si c'est pour s'acheter de la drogue, ce 
dernier ment et s'effondre immédiatement.
Par la suite, il aurait un projet 
de plus grande envergure, il voudrait participer à un congrès/meeting politique. 
Là bas, il serrerait des mains à tout va, avec un grand sourire psychotique 
et irait même jusqu'à poser une question fermée à l'auditoire (ou au 
président?).
Cette simple question fait peser les soupçons sur lui et 
créerait un mouvement de panique.
Finalement arrêté par la police dans sa 
folie meurtrière, il est conduit dans une salle insonorisée ou il est 
interrogé.
S'en suit alors une partie mortelle de "ni oui, ni non" ou même la 
plus anodine des questions (par exemple : "êtes-vous contaminés?") représente 
une menace.
Comme si l'enquêteur lui braqué rhétoriquement un flingue sur la 
tempe.
Afin de cacher son sombre projet et éviter de tomber dans un piège, le 
jeune homme préfère rester silencieux jusqu'à son procès.
Que ce soit pour 
mourir maintenant ou sur la chaise électrique, tant qu'à faire, autant gagner du 
temps.
Une autre idée me vient alors, et si j'inventais un virus qui s'attaque non 
pas aux plus fragiles physiquement (vieux, gros et asthmatiques) ni aux 
menteurs, mais cette fois au plus précaire.
Pas économiquement, mais 
intellectuellement, les imbéciles, les idiots quoi.
Imaginez maintenant un 
test de dépistage qui consisterait en une opération de mathématique simple, un 
problème de logique ou même une devinette. 
Cette suractivité cérébrale 
soudaine et inhabituelle chez l'infecté provoquerait d'abord un saignement de 
nez pouvant entrainer jusqu'à une liquéfaction totale du cerveau.
En cas de 
réponse fausse, il serait directement pris en charge et placé en quarantaine par 
les autorités sanitaires.
Quand bien même, une telle maladie existerait cela 
ne serait pas nécessaire pour décimer les plus bêtes d'entre nous.
Ils le 
font déjà très bien tout seuls. La sélection naturelle ne chaume pas pendant le 
confinement et les exemples comme les candidats au "darwin award" ne manquent 
pas.
En premier lieu, les imbéciles qui se sont rués inutilement pour faire 
les courses le premier jour créant une pénurie artificielle et risquant 
d'attraper le virus en allant s'entasser dans les magasins.
Dans une autre 
catégorie, vous avez aussi eux qui se sont empoisonnés à la Chloroquine ou en se 
lavant les dents à la Javel.
J'en reviens à ma chanson du jour, il faut que j'accorde ma guitare et 
m'installe sur ma fenêtre pour 20h. En face, sur son petit balcon j'aperçois 
ma jolie voisine qui attend...je l'espère la même chose que moi. "Cette 
chanson est dédiée à toutes ces personnes courageuses qui ont la patience 
d'attendre 3h au drive d'un fastfood!" Non sans un petit trac, je commence à 
jouer le morceau avec ma couronne en carton de Burger King. Au refrain, je la 
vois qui fredonne avec moi les paroles :
"If it makes you fluffy, 
You can 
be that fat,
If it makes you fluffy
Then why the hell you go to 
macdonald's."
"If it makes you hungry,
You can eat a hat,
If it makes you 
hungry,
Then why the hell you don't eat salads"
Cette fois en plus d'un beau sourire, j'ai droit à un message sur une 
ardoise.
Le hic c'est que même si on a un gros vis-à-vis, j'ai du mal à lire 
ce qui est écrit dessus. 
Je crois déchiffrer "Passe moi ton sel", mais je dois me tromper, 
ça ne veut rien dire.
Pour lui répondre j'utilise ma tablette, mais j'imagine 
qu'elle ne voit pas bien non plus alors je prends une feuille de papier et 
inscrit mon message :
"Appel moi au 0654818513, ton admirateur secret." Puis 
je le plie de façon à en faire un avion.
Je mouille mon index pour connaitre 
le sens du vent et envoie mon engin en papier dans sa direction.
C'est sans 
compter sur ma "loose" légendaire qui fait dévier de sa trajectoire le 
projectile qui pique du nez et atterrit dans le jardin de ma vieille voisine du 
rez-de-chaussée.
Ma jolie voisine me fait un signe "laisse tomber" et nous 
rigolons tous les deux aux éclats.
Tandis qu'elle rentre à l'intérieur de son 
logement, je pense au message inscrit sur mon avion en papier que ma vielle 
voisine va surement lire demain.
Espérons qu'elle ne le prenne pas pour 
elle!
Ce matin, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la pêche, la patate! 
Faudrait un jour qu'on m'explique le rapport entre les deux, bref, je 
m'égare.
Je suis en pleine forme, j'ai même fait quelques étirements, abdos 
et pompes! Du jamais vu! Mais qu'est-ce qui m'arrive?! Et pour la première 
fois depuis le début du confinement, je m'habille avec autre chose qu'un bas de 
survêtement. Ne vous inquiétez pas je prends quand même ma douche 
journalière! Il est 11h alors je descends voir à la boite aux lettres si j'ai 
reçu du courrier.
Et devinez qui je croise au rez-de-chaussée ? Ma vielle 
voisine qui sent amoureusement mon avion en papier. Non je déconne, 
heureusement. C'est ma jolie voisine d'en face qui revient de sa balade avec 
son chien qui me salut tout sourire avant de remonter à son appartement. 
Je 
suis un peu distrait en la regardant à tel point que j'en oublierais presque le 
pourquoi de ma venue ici, ma prise de risque hebdomadaire. Ah oui, le 
courrier!
Dans ma boite aux lettres, je trouve plusieurs courriers dont un de 
ma mutuelle et ma quittance de loyer, mais aucune brochure publicitaire!
Mon 
Dieu que c'est apaisant, et dire que l'autocollant "stop pub" sur ma boite aux 
lettres n'avait jusqu'alors pas réussi cet exploit! Et je ne suis pas au bout 
de mes surprises, parmi mes divers courriers je découvre un petit mot qui sent 
le parfum avec un coeur dessiné dessus.
Je n'avais pas reçu ce genre 
d'attention depuis le collège! Ça me ferait presque quelque chose si je n'avais 
pas une grosse carapace de 2nd degré. Ni une ni deux, je retourne chez moi. 
Je vais pour enregistrer son numéro dans mon téléphone, m'interromps et réalise 
que je ne connais pas son prénom! "Voisine" dans un premier temps ce sera 
très bien.
Qu'est ce que je pourrais bien lui envoyer comme premier message? 
Il faut que je la fasse rire, mais sans devenir lourd. Je ne sais jamais dosé 
ce genre de chose dans une conversation avec une inconnue. Allez je me lance, 
j'ai plus à y gagner qu'a y perdre.
"Bonjour charmante voisine, merci pour le 
numéro. Moi c'est Alexandre, tu peux m'appeler Alex si tu veux et toi c'est quoi 
ton prénom?"
À peine ait je envoyé mon message que la réponse me revient. 
Elle a été rapide.
"Bonjour Mr Maladroit, moi c'est mademoiselle Flauquet, 
mais tu peux m'appeler Janine.
Elle n'a pas une tête à s'appeler Janine, ça 
fait un peu vieillot. 
Après ça me fait aussi penser à Janine Lindemulder 
l'actrice porno qui pose sur la pochette de Enema Of The State, l'album culte de 
Blink-182.
Mais attends, Flauquet...c'est le nom de la petite vielle du 
rez-de-chaussée! Et ça m'étonnerait qu’elles soient de la même famille, elle se 
moque de moi.
"Haha très drôle. J'ai failli me faire avoir! Alors comment tu 
t'appelles?
"Virginie, mais ne t'avise pas de m'appeler Ninie!"
"Enchanté 
Virginie."
La discussion suit son cours naturellement avec beaucoup d'humour 
et d'affinité.
Pour éviter de vous ennuyer, je vous en épargne les détails et 
le surplus d'intimité.
Des SMS nous passons aux réseaux sociaux puis à 
l'appel téléphonique.
Tout cela s'enchaine si naturellement.
C'est quand 
même très bizarre d'avoir une relation à distance alors que nous sommes si près 
à tel point que l'on peut se regarder et se faire coucou à travers nos fenêtres 
respectives.
Paradoxalement, cette situation semble nous rapprocher, alors 
qu'on n’aurait jamais osé se parler auparavant.
La vie est étrange 
parfois.
Avec Virginie on a même envisagé de franchir le pas, de se 
rapprocher...physiquement.
Mais quelque chose semble la bloquer, j'imagine 
que c'est sa profession.
Ha oui, vous ne savez pas, normal puisque je vous ai 
épargné les détails de nos conversations. 
Je vais donc vous faire un topo 
sur Virginie : 25 ans, infirmière, végétarienne (c'est presque un miracle pour 
moi, même s’il y en a beaucoup maintenant), originaire du sud elle a quitté sa 
province pour un travail en région parisienne comme beaucoup.
Avec tous ses rires et cette complicité, je ne me rends plus du tout compte 
du temps qui passe à tel point qu'il m'arrive d'en oublier parfois de 
manger.
Je prépare mon diner - oh rien de bien gastronomique, juste des pâtes 
bolognaises façon végétarienne, pas compliquée il suffit juste de remplacer la 
viande par du haché végétal - et pendant que ça mijote je mets en place mon 
matériel pour la chanson de ce soir.
Ma version coronavirus de Where is my 
mind de Pixies.
"Cette reprise est dédicacée aux personnels hospitaliers qui 
se démènent pendant qu'on mange des chips sur notre canapé.
À ceux qui se 
gardent bien de faire don de leurs masques aux soignants et qui préfèrent s'en 
servir pour faire leurs courses. Merci à vous!" 
Je lance un petit clin d’œil à Virginie et commence à jouer.
"Ooh, stop
Where're Eggs, toilette 
paper, pasta, rice ? I can't found!
Trying to do my job while stupids gets 
out.
You need to jog out ?
But you never did
and only think 'bout 
yourself!
Where is my mask ?
where is my mask ?
where is my mask?
Way out in 
the coldroom see them dying."
En mangeant je regarde "Quarantined Cutie", cette vidéo "tik tok" qui fait le 
buzz en racontant la rencontre d'un couple de New-Yorkais pendant la crise 
sanitaire.
Si vous ne l'avez pas vu, je vais essayer de vous l'a résumer 
:
Un mec se fait chier alors il regarde par la fenêtre cette fille danser sur 
un toit, il l'a salue de la main et elle lui répond. Alors il décide de 
rentrer en contact avec la jeune femme en écrivant son numéro de téléphone sur 
un bout de papier qu'il scotche sur son drone. Ouais je sais, ça fait un peu 
début de film porno. Désolé, le confinement, la distanciation sociale, tout ça 
me travaillent apparemment.
Et donc ils s'échangent des SMS et vont même 
jusqu'à dîner en tête à tête...via "facetime". Lui sur son balcon et elle sur le 
toit de son immeuble. 
Après ce premier rendez-vous galant, l'homme décide 
alors de donner rendez-vous à sa prétendante dans la rue et va redoubler 
d'ingéniosité pour braver les règles sanitaires en se glissant dans une bulle 
gonflable géante. Cette chouette petite vidéo me rendrait presque jaloux de 
ne pas avoir eu l'idée avant son auteur. Elle est presque aussi réconfortante 
que ce plat de pâtes que je suis en train de manger. Je pourrais en manger 
tous les jours! Ça tombe bien, car comme à mon habitude j'en ai encore 
beaucoup trop fait. Et je sens déjà que la digestion va précipiter mon 
sommeil, ça tombe bien Virginie doit se coucher tôt à cause de son service de 
demain. On s'envoie quelque "mèmes" par message et nous nous endormons comme 
des ados, virtuellement l'un à côté de l'autre.
Le matin au petit dej, en me servant avec le paquet de céréales je fit la 
désagréable découverte qu'il était vide. À qui aurais je pu en vouloir 
d'autre qu'à moi ?
C'est avec la peur au ventre et surtout la faim que je me 
prépare pour aller faire les courses.
Gants, masque et lunette de soleil, 
hélas les apparences sont trompeuses, je ne m'habille pas pour faire du 
ski. La queue pour entrer dans la galerie marchande s'étend jusqu'au bout de 
la rue.
Des panneaux semblent indiquer que si vous êtes membres du personnel 
soignant ou des forces de l'ordre alors vous êtes prioritaires. Enfin en plus 
des personnes handicapées et des femmes enceintes, bien sûr. Il fallait s'y 
attendre, vous trouverez toujours des gens sans scrupules pour gruger la file 
d'attente soit en utilisant un fauteuil roulant ou des obèses qui n'ont pas de 
grossesse. Dans ce Nouveau Monde libre non binaire, je m'attends même à voir 
un fhomme débarquer et me passer devant. Mais la palme de la supercherie 
revient aux enseignes de la grande distribution, "les supermarchés" qui non 
content d'augmenté indécemment leurs prix (ou plutôt d'ajuster leurs marges 
directement) sur les produits de première nécessité (allant de l'hygiène au 
produit laitier) contrôle systématiquement ses clients qui utilise la 
zappette. Ainsi appliqué, ce service perd toute son utilité.
Et dire que 
ça été crée pour faire gagner du temps et pourrait dans le cas présent aider à 
limiter le plus possible les interactions. 
Quand on y pense, c'est quand 
même le comble : le voleur qui vous soupçonne.
Auchan, ils cultivent le 
mépris de la sécurité de leurs employés (sans compter la fameuse prime qu'ils 
n'auront pas) et de leurs clients en les surexposant au virus. 
Faire ses 
courses est devenu une véritable partie de" Dead Rising". 
Avec tous ces 
zombies indisciplinés qui rodent dans les rayons l'air hagard, et qui se jettent 
sur les denrées d'une palette laissée par un magasinier qui revenait pour la 
déballer.
Et quand vous pensez en avoir fini avec tout ça, il faut encore 
faire la queue pour passer en caisse.
Si avant la crise sanitaire faire vos 
courses le samedi relevait du calvaire, maintenant c'est devenu un enfer. Je 
n’aurais jamais cru un jour avoir peur en faisant mes courses.
Comme pour 
rajouter à ce climat anxiogène, Virginie ne m'a pas répondu de toute la 
matiné.
Rationnellement, je sais qu'elle est trop occupée au travail pour 
m'écrire, mais cela me fait un petit pincement au coeur. Ou plutôt comme une 
compression de la cage thoracique. 
Rien de grave, c'est pas le virus, juste 
le stress des courses et le confinement qui commence par m'oppresser, j'imagine, 
peut être même la faim.
Pour remédier à cela, rien ne vaut un bon plat de 
pâtes bolognaises "végé" de la veille, c'est encore meilleur je trouve quand 
c'est un peu sec et tiède.
C'est tellement réconfortant de manger un plat 
comme celui-ci dans un moment pareil.
Je verse le tout dans une poêle et 
tandis que cela cuit, je lance une partie de rainbow 6 sur la PS4.
Absorbé 
par mon jeu vidéo, j'en oublie mon repas sur le feu et c'est le détecteur de 
fumée qui vient à me le rappeler. J'enlève la poêle de la gazinière et sers 
le tout dans un de ses gros bols que j'affectionne. C'est étrange je ne sens 
pas l'odeur de grillé.
Je m'installe sur le canapé et mange penché sur ma 
table basse tout en regardant netflix.
À chaque bouchée je me demande si je 
sens bien le gout, des aliments que je mange.
Mais je crois que si je me pose 
la question c'est que quelque part, j'ai déjà la réponse : "je n'ai plus de goût 
ni d'odorat". Tout cela n'a plus de saveur. Est-ce plus une sensation (ou 
plutôt son absence olfactive) qu'un sentiment? Sinon, une réaction 
psychosomatique, qui matérialiserait mon manque de Virginie?  Suis-je en 
train de devenir dépressif ? Ou dépendant affectif? Peut-on être hypocondriaque 
pour des maladies mentales ? À moins que ce soit encore plus grave que je ne 
le craignais et qu'il s'avère que j'ai simplement perdu le gout...de la vie?
Je suis fatigué, j'ai comme une barre au front, une migraine me guette et une 
sieste s'impose.
C'est peut-être à cause des écrans ou du corona. On verra, 
je vérifierais ma température.
Il fait très chaud, plus de 25 degrés.
Mes 
fenêtres sont ouvertes et mes volets mi-clos. Les gosses de la résidence qui 
hurle en jouant dans leurs jardins, les voisins qui téléphonent sur leurs 
putains de balcons, tout ça résonne et m'empêche de me reposer 
convenablement. Et d'un coup un petit orage de chaleur éclate, tout le ferme 
sa grande gueule, le silence et la fraicheur reviennent comme par magie. 
J'aurais presque envie de faire la danse de la pluie, pour célébrer ça, mais 
je suis trop fatigué.
Il est 20h et je n'ai toujours pas de nouvelle de Virginie.
Son volet est 
resté ouvert toute la journée, mais je ne l'ai pas aperçu, ni avant ni 
maintenant pour notre rendez-vous quotidien.
Ce soir, pour coller à mon 
humeur du jour, j'ai choisi de jouer "Stay away" de "Nirvana".
J'avais pensé à 
"symptom + cure" de "Comeback Kid", j'abandonne cette idée par peur que le 
voisinage me jette des tomates ou de faire sauter le pacemaker de la petite 
vieille du rez-de-chaussée.
Déjà que mon avion en papier a du faire monter sa 
pression.
La nuit tombe progressivement sur la résidence.
Seules, les 
fenêtres des appartements sont éclairées par les lueurs des télévisions allumées 
et des musulmans qui fêtent le ramadan.
Avec ma lampe torche je balaie le 
faisceau lumineux sur les vitres de Virginie sans aucun signe de vie, hormis son 
chien qui intrigué gratte la porte-fenêtre en aboyant.
Je tenterais bien 
d'escalader les 2 étages jusqu'à son balcon tel un "Roméo" qui rejoindrait sa 
"Juliette". De même que je pourrais envoyer des cailloux sur ses vitres, mais 
ça risquerait de faire des éclats de verre et les voisins appelleraient la 
police en pensant que je sois un cambrioleur. 
Raisonnable, je préfère 
utiliser mon pistolet nerf avec ses flèches en mousse qui n'abimeront pas les 
carreaux.
Les questions se bousculent et s'accumulent dans mon esprit : 
est-elle tombée malade au boulot ou fait-elle juste des heures sup? 
Ou 
s'est-elle fait agresser par la horde de toxicos qui rodent à côté de son 
travail ? 
J'ai lu quelque part que des vigiles étaient obligés d'escorter 
les soignants de l'hôpital Lariboisière à cause de ces zombies junkies.
Et 
dire que certains politique de gauche ont émis le souhait de les faire tester et 
de leurs distribuer des masques prioritairement alors que nos soignants, nos 
pompiers et nos forces de l'ordre n'en disposent pas suffisamment pour accomplir 
leurs tâches.
Apparemment on n’a pas le même sens des priorités et 
clairement, la vie de quelques parasites sociaux me semble dispensable.
Là, perché sur ma fenêtre, mon mirador de fortune (il me manque toujours les 
jumelles), je l'attends comme si j'étais un labrador.
N'empêche que ça ferait 
de belles paroles de chanson. 
Au beau milieu de la nuit, je vois la lumière 
du hall éclairer la cour intérieure, c'est Virginie qui arrive enfin. J'ai 
envie de lui sauter dessus et de la réconforter de cette éprouvante et 
interminable journée de travail qu'elle a dû enduré. Au lieu de ça, je 
l'observe tapi dans l'obscurité quand je reçois un SMS bruyant de sa part qui 
éclaire mon visage. Je suis démasqué, je lui fais un signe de la main et elle 
rigole.
Ce matin j'ai décidé de me lever tôt pour lui préparer le petit déjeuner, ou 
plutôt le lui déposer devant sa porte.
Je suis passé à la boulangerie lui 
acheté des viennoiseries, lui ai fait coulé un café au lait dans un thermos, 
puis j'ai emballé le tout dans un sac en papier et accompagné d'un petit mot 
mignon.
Une fois réveillée, elle m'appelle pour me remercier de l'attention 
et pour s'excuser de ne pas avoir pu me donner de nouvelle hier.
Elle me 
confie qu'elle a passé une des pires journées de sa vie, une véritable 
hécatombe. 
Dans le même moment, je lis voit sur la télévision restée allumé, 
le bandeau d'information qui défile et confirme ce qu'elle me raconte au 
téléphone.
Hier était le plus gros bilan de mort journalier.
Virginie n'a 
pas parvenue à trouver le sommeil de la nuit.
En état de choc, elle ne 
pouvait s'empêcher de revoir mentalement défiler toutes ces civières et ces 
brancards pleins de cadavres qui sont conduit de la réanimation à la morgue et 
aux chambres froides, qui s'entasse dans les couloirs ou pire que tout dans 
remorques de camion frigorique.
Ne sachant quoi répondre et voulant la 
réconforter, je lui propose de se rejoindre en dehors de la résidence pour 
discuter et de s'assoir sur un banc au soleil.
Tout en respectant la 
distanciation sociale de rigueur, je tiens à le préciser.
À sa voix, je sens 
qu'elle en a envie autant que moi, mais que quelque chose semble la 
déranger.
Les mots dans sa bouche finissent par matérialiser ce que je 
redoutais. 
Virginie ne veut plus qu'on se voie...physiquement, du moins 
avant que la crise sanitaire ne soit finie.
Bien que cela soit trop tentant 
et c'est aussi trop dangereux pour moi me dit-elle.
Inquiète, elle ne cesse 
de me répéter : "ce n'est pas une petite grippe ni une MST, c'est bien plus 
grave et virulent que ce que l'ont croit".
Et je ne s'aurais dire si ce sont 
mes arguments tendant à la rassurer ou sa volonté de se faire convaincre qui l'a 
décida, mais nous finissons par nous retrouver à l'extérieur.
C'est la première fois que nous nous rencontrons en vrai.
Bien sûr, ce 
n'est pas comme si nous étions de parfaits inconnus avec toutes ses 
conversations téléphoniques et sur les réseaux sociaux.
Mais la voir en vrai, 
sentir l'odeur de son parfum et pratiquement pouvoir la toucher...me 
décontenance.
J'en perds mes moyens, je me surprends même à bégayer et à 
trembler par moment.
Virginie, trouve sa mignon. 
Pour moi, c'est plutôt 
embarrassant, mais si cela lui plait je ne vais pas m'en plaindre.
En me 
regardant droit dans les yeux, elle me murmure "ce serait bien d'avoir un peu 
d'intimité".
Je ne suis pas sur d'avoir bien entendu, peut être parce qu'elle 
l'a chuchoté/susurré.
À mes oreilles cela a raisonné comme un "j'ai envie de 
toi". 
En essayant de rassembler toute mon assurance, je lui bredouille "Mais 
comment faire en respectant les règles d'hygiènes et de santé?" Virginie me 
lance un clin d'oeil, et me fait signe du doigt.
"Suit moi, j'ai une 
idée."
De sa main gantée elle prend la mienne et me guide/conduit jusque devant la 
porte de son appartement. Là, dans ce couloir nous nous 
déshabillons.
Excité, j'avoue avoir un peu de mal à retirer mon pantatalon à 
cause de mon érection.
Pas le temps d'enfermer dans un sac nos vêtements, 
nous les laissons sur le palier.
Je continue de la suivre et elle me conduit 
vers la salle de bain. Elle m'invite à entrer dans la baignoire. Nous 
découvrons nos corps nus ruisselant sous l'eau du pommeau.
Je commence à la 
savonner, caresse sa peau avec la fleur de douche et je vais pour l'embrasser 
quand celle-ci tourne la tête dans l'autre sens/évite mon étreinte/a un 
mouvement de recul.
Virginie attrape sa serviette et se sèche en m'expliquant 
que l'on doit prendre nos précautions.
Elle ne veut pas me contaminer et je 
ne veux surtout pas partir, alors je n'ai plus qu'à écouter la solution qu'elle 
suggère pour assouvir nos pulsions.
Je découvre son grand studio, agencé de façon à séparer le coin-cuisine de la 
partie chambre où nous nous installons. À moitié dénudée, elle s'allonge sur 
le lit tandis que je m'assois sur le fauteuil qu'elle me 
désigne. Nous nous caressons, nous masturbons sans jamais toucher l'autre, à 
distance en s'observant. Elle fouille sous son oreiller et me balance un truc 
sur le torse.
Surpris, je constate qu'il s'agit d'une télécommande...pour un 
sex-toy connecté.
C'est donc ça le futur? Moi, en Luke Skywalker nettoyant 
son sabre laser devant un hologramme sexy de princesse Leïa. Non, c'était 
pour la vanne, honnêtement ce serait plus proche de "Démolition man" avec sa 
scène de sexe virtuelle sans contact charnel.
Mon excitation luttant contre 
mes aprioris négatifs, je la regarde se caresser et élargir sa cavité pour y 
insérer ses doigts puis l'objet. Elle me dévisage, un sourcil relevé en 
s'écartant les lèvres comme pour me montrer toute l'excitation qu'elle cacherait 
à l'intérieur. Jusque là, je pensais que pour déterminer ce qui est réel, le 
toucher était indispensable et le concret devait être palpable.
Mais je me 
trompais.
Aujourd'hui, je ne découvre pas seulement une nouvelle partenaire, 
mais une toute nouvelle façon de faire l'amour. Et le sexe ne m'a jamais paru 
aussi intense que maintenant avec elle.
Tout est plus érotique, l'exaltation 
est exacerbée. Nous jouissons comme jamais je ne l'aurais imaginé.
Son chien 
comateu dans son panier, ouvre partiellement un oeil à chaque gémissement de sa 
maîtresse puis se rendort comme si de rien n'était.
C'est étrange de ne pas 
l'embrasser ni de la toucher. J'aurais presque l'impression d'être avec une 
prostituée, une camgirl ou une fille qui aurait de l'herpès à la différence que 
j'ai des sentiments pour elle.
Tandis que je m'essuie, elle allume la 
télé.
Une chaine d'information en continu diffuse des images de 
manifestations anti-confinement aux USA. Bande de covidiots! Je suis sidéré par tant de 
bêtise. Remarque, en France les gilets jaunes et les pues la pisse de tout 
horizon s'impatiente à l'idée de pouvoir reprendre leurs sports national : 
l'ivresse publique en manifestations.
Allez-y, vous pouvez bien crever pour 
votre fichue liberté, mais ne demandez pas à ce que l'on vous soigne 
après. C’est pas comme si ce n’était pas déjà le cas avec ce fichu 2nd 
amendement, ces armes que vous chérissez vous tuent plus qu'elles ne vous 
protègent. Après tout quand on sait que ce sont les mêmes personnes qui ont 
voté pour un président qui suggère sérieusement d'injecter de la javel et de 
faire des séances d'UV pour guérir les malades. J'imagine qu'ils ont les 
dirigeants qu'ils méritent. 
Là bas, certains organisent même des "covid 
party", où de jeunes insouciants se soulent (ne sont-ils pas suffisamment 
abrutis en temps normal?!) et se transmette le virus, espérons qu'ils deviennent 
avec ça les derniers abrutis de leurs lignées.
Évidement, vous avez tout et 
sont opposé, comme le montre le reportage qui suit sur ces mairies espagnoles 
qui ont javellisé leurs plages...La bêtise humaine semble sans 
limites.
J'arrête de regarder, cela m'énerve de trop et il faut que je me 
prépare pour la chanson de ce soir.
Nous récupérons nos vêtements sur le 
palier de sa porte, nous rhabillons et regagnons mon appartement. La chanson 
de ce soir est une reprise d'Oasis.
Today is gonna be the day
That they're gonna throw it back to you
By 
now you should've somehow
Realized what you gotta do
I don't believe that 
anybody
Feels the way I do, about you now
Backbeat, the word was on the 
street
That the fire in your heart is out
I'm sure you've heard it all 
before
But you never really had a doubt
I don't believe that 
anybody
Feels the way I do about you now
And all the roads we have to walk 
are winding
And all the lights that lead us there are blinding
There are 
many things that I
Would like to say to you but I don't know how
Because maybe, you're gonna be the one that saves me
And after all, you're 
my hospital.
Partout, ils annoncent le déconfinement pour la date du 11 mai comme si c'était le jour de la libération. Le virus ne va pas disparaitre du jour au lendemain parce que nous l'avons décidé par décret. Certes, chaque jour, des malades guérissent tandis que des nouveaux (qui n'ont pas leur chance) continuent d'être admis en réanimation. D'autres décèdent sans avoir de funérailles décentes.
Face à tout ça, j'ai perdu mon optimiste habituel. Je ne sais pas si nous pourrons un jour reprendre une vie "normale" mais j'ai conscience de ma chance, quand maintenant, vient 20h le soir et que nous chantons l'espoir et la tristesse à l'harmonie. 
Je ne suis plus tout seul, non, nous sommes trois, moi, elle et...non ce serait trop beau, elle n'est pas enceinte. Non, la troisième personne, vous le savez depuis le début, c'est vous.
Ceci n'est pas un "happy end", tout ça n'existe que dans ma tête. Bien sur que ma charmante voisine d'en face est bien réelle mais elle ignore totalement mon existence.
La vérité ? C'est que le confinement et la solitude ont eu raison de ma santé mentale.
Et pour être tout a fait franc, je pensais que la folie me guetterait bien plus tard, dans quelques décennies, comme toutes les personnes âgées et seules qui finissent leur vie à Paris.
A ce propos, une odeur nauséabonde remontant des canalisations et de la VMC m'interpelle.
Ma première pensée met en cause la vaisselle qui s'entasse dans l'évier ou la poubelle qui déborde mais une fois tout ceci rangé et nettoyé l'odeur persiste dans mon appartement. Ce n'est que lorsque je descends au local à ordures, en voyant les pompes funèbres embarquer le corps de ma vieille voisine du bas, que je comprends d'où la puanteur provenait. Mon téléphone portable se met à sonner dans ma poche, toujours au bon moment. C'est surement un énième appel de ma psy, elle fera comme ma mère avant elle...Sur mon répondeur, il n'y a qu'elles qui me laissent des messages.
J'imagine que cette fois c'est pour me faire penser à renouveler mon ordonnance et mon traitement.